Résultats à long terme de la prise en charge des rétinopathies diabétiques Florides
Rétine – Diabète – Dimanche 11 mai 2025
Suivi au long cours des rétinopathie diabétiques florides
Dr Arielle Benchimol
Résumé du Dr Chahine Belkherrari, interne en ophtalmologie, CH Mantes-la-Jolie
La rétinopathie diabétique floride (RDF) est une forme rare (moins de 1 % des rétinopathies proliférantes), mais particulièrement agressive, évoluant en quelques mois seulement vers des stades avancés. Elle touche principalement des femmes jeunes diabétiques de type 1, souvent dans un contexte de déséquilibre glycémique chronique. Dans 43 % des cas, la maladie a été déclenchée ou fortement aggravée à la suite d’un rééquilibrage glycémique trop rapide. Quelques rares cas chez des patients de type 2 ont aussi été décrits.
Il y a 15 ans, la stratégie thérapeutique reposait sur une PPR intensive + IVT uniquement en péri-opératoire et la vitrectomie en cas de complications. Aujourd’hui, on tend à privilégier une IVT d’anti-VEGF dès les premiers signes, y compris sans néovascularisation apparente. Pourtant, il n’y a à ce jour pas de publication sur ce sujet, pas de suivi à long terme, seulement quelques case reports.
Une étude rétrospective multicentrique menée à l’hôpital Lariboisière et dans deux centres privés a suivi 49 patients (97 yeux) pendant environ 12 ans. Le profil type est une femme de 27 ans, avec une HbA1c autour de 10 % au diagnostic. Dès le départ, 85 % des yeux sont en stade proliférant, et seuls 13 % ont déjà reçu une PPR.
À la fin du suivi :
- 70 % ont subi une vitrectomie
- 50 % sont devenus pseudophaques
- 30 % ont reçu une IVT d’anti-VEGF en phase initiale
- L’acuité visuelle médiane est de 6/10
- Peu d’œdèmes maculaires restants, mais présence d’atrophie
- Aucun crunch syndrome observé
- Le contrôle glycémique s’est amélioré (HbA1c ≈ 7 %)
Sur le plan systémique, les résultats sont préoccupants :
- 2/3 souffrent d’insuffisance rénale modérée ou sévère
- 8 % sont décédés
- 1/3 ont nécessité une greffe rénale et/ou pancréatique
- 22 % présentent des complications macrovasculaires
- Socialement, 43 % sont sans emploi, 25 % en invalidité
Par rapport à une cohorte de diabétiques de type 1 sans RDF, les patients RDF présentent significativement plus de complications microvasculaires : HTA, néphropathie, neuropathie, pieds diabétiques, malgré un équilibre glycémique tardif. Cela témoigne de la mémoire métabolique.
Les forces de l’étude : une cohorte bien caractérisée, une durée de suivi longue, une approche multidisciplinaire (ophtalmo, diabéto, sociale). Ses limites : caractère rétrospectif, données manquantes, et différences de temporalité thérapeutique.
Take home message
Conclusion : La rétinopathie diabétique floride reste une pathologie grave, aux conséquences ophtalmologiques et systémiques lourdes, avec un impact socio-professionnel majeur. Il est essentiel d’avoir un dépistage précoce, une prise en charge individualisée, et de renforcer l’utilisation précoce des anti-VEGF pour espérer modifier le pronostic.