L’importance des suppléments AREDS dans la progression des lésions d’atrophie géographique
Tiarnan Daniel Keenan
Contexte
Nos patients atteints de DMLA atrophique n’ont pas de solution thérapeutique à ce jour en Europe. Les injections intra vitréennes d’inhibiteurs du complément ne sont pas pour l’instant acceptées. Les autorités pointent une absence d’amélioration fonctionnelle des patients, la nécessité d’injection mensuelle ou tous les deux mois, et l’augmentation des néovaisseaux.
Nul doute que le coût du traitement rentre aussi dans la balance.
L’étude AREDS a montré que la supplémentation orale en antioxydants à forte dose et en zinc diminue le risque de progression vers la DMLA dite avancée, en particulier la DMLA néovasculaire.
Cette formulation a été modifiée pour l’étude AREDS2 ; le β-carotène a été remplacé par de la lutéine/zéaxanthine en raison de préoccupations concernant l’augmentation de l’incidence du cancer du poumon avec le β-carotène à forte dose. Cette formulation finale d’AREDS2 a été utilisée à l’échelle internationale pendant de nombreuses années, avec un profil de sécurité favorable et un faible coût.
L’analyse post-hoc
Il y a deux études : AREDS et AREDS2
- L’analyse secondaire des patients de l’étude AREDS a porté sur 392 yeux de 318 patients, montrant des signes d’atrophie à l’inclusion. Cette analyse a porté, pour ce premier groupe, de patients sur des photos couleurs au cours du suivi.
- La même analyse secondaire des patients de l’étude AREDS2 a porté sur 1210 yeux de 891 patients. Pour ce deuxième groupe, l’analyse a été faite sur des examens combinés : photo couleurs et OCT.
Bien sûr, tous ces patients n’étant pas supplémentés avec le même cocktail de vitamines et minéraux, il est difficile de les considérer comme un groupe homogène.
Résultats
Sur toute la durée de l’étude qui est tout de même d’une dizaine d’années, la formule AREDS1 a permis de ralentir la croissance de l’atrophie vers la zone de vision centrale de 36 % dans le groupe supplémenté comparé au placebo. (C’est à dire rien)
Pour le deuxième groupe de patients, la prise de lutéine et zéaxanthine a ralenti la croissance des lésions de 35 %, alors même que les patients dits « Placebo » prenaient la formule AREDS1.
Ils étaient donc les meilleurs élèves de l’étude précédente.
NB : Le groupe qui avait du bêta carotène a eu un moins bon résultat, sans doute à cause de la compétition intestinale entre les carotenoïdes.
Ils ont mélangé les deux études pour montrer que le groupe sous lutéine/zéaxanthine (et les vitamines de l’étude AREDS1) a eu un taux de baisse d’acuité visuelle significativement plus lent que le groupe témoin de AREDS1 non supplémenté.
Conclusion
Ces suppléments ont les avantages d’un profil de sécurité établi, d’un faible coût et d’un faible fardeau pour le patient et le médecin grâce à l’administration orale.
Comme il s’agit d’une étude post hoc, il est difficile d’établir une relation stricte de cause à effet.
Les auteurs disent :
« Il est important de noter que les analyses sont liées aux randomisations de l’étude, de sorte que des évaluations de causalité et des effets du traitement peuvent être effectuées. »
En l’absence d’alternative thérapeutique, nous pouvons déjà conseiller à nos patients, une supplémentation en vitamines E, Vitamine C, lutéine, zéaxanthine, et zinc. Avec 2 mg de cuivre pour favoriser l’absorption du zinc au niveau intestinal.
Un article va être très prochainement, publié (1).
- Keenan TDL, et al. Oral antioxidant and lutein/zeaxanthin supplements slow geographic atrophy progression to the fovea in age-related macular degeneration. Under review at Ophthalmology.