Dégénérescence des neurones rétiniens préclinique chez les diabétiques
Dégénérescence des neurones rétiniens et activation gliale dans les yeux de donneurs humains provenant de patients diabétiques sans altérations vasculaires.
Degeneration of retinal neurons and glial activation in human donor eyes from diabetic patients without vascular alterations Euretina 20/9 8h48-8h54 session Free Paper 6 : Diabetes and Vascular diseases.
Henar Albertos arranz (Espagne)
On attribue à la dégénérescence vasculaire la baisse d’acuité visuelle (d’origine rétinienne) chez les diabétiques. Mais dans l’atteinte rétinienne, il y a, au-delà des atteintes purement métaboliques des cellules, avant toute lésion tissulaire, des altérations neuronales. Ces dernières peuvent exister en dehors de toute atteinte vasculaire, ce qui a été montré par des études récentes d’imagerie.
Une équipe espagnole a présenté ce vendredi matin des résultats histologiques.
- 7 yeux de donneurs « sains » (bon, un peu morts quand même, mais sans diabète, ni atteinte rétinienne), comparés avec
- 8 yeux de donneurs diabétiques
- Dont 5 ayant une rétinopathie diabétique (RD)
- 3 sans RD
Les rétines ont été analysées par immunohistochimie, et microscopie confocale, analysant ainsi les connexions synaptiques des photorécepteurs, des cellules bipolaires, les cellules horizontales et les cellules gliales.
RÉSULTATS
Au niveau maculaire, la densité des cellules bipolaires en lien avec les cônes diminue significativement dans les rétines diabétiques (p<0,0001).
Les synapses entre photorécepteurs et cellules bipolaires, comme entre photorécepteurs et cellules horizontales (de la plexiforme externe) sont altérées.
Les cônes étendent leurs axones pour établir des synapses avec des cellules bipolaires et horizontales voisines autour des kystes intra-rétiniens.
Les cellules bipolaires en lien avec les bâtonnets montrent des altérations de leurs dendrites et de leurs axones dans le groupe diabétique, avec ou sans RD. L’épaisseur de la plexiforme interne diminue dans les kystes intra-rétiniens (p<0,0001) dans le groupe diabétique, avec ou sans RD.
Les dendrites des cellules horizontales s’étendent pour chercher des synapses dans la rétine interne et externe des patients avec RD.
De plus, la microglie présentait des rétractations, adoptant une forme « amiboïde », ce qui semble signer son activation (donc des phénomènes inflammatoires). Ces cellules gliales avaient migré vers les vaisseaux sanguins, se concentrant autour des micro-anévrismes, et certains néovaisseaux.
Cette étude histologique montre une dégénérescence des neurones rétiniens, et une altération des synapses, avant toute altération des parois vasculaires chez des patients diabétiques.
Cette anomalie de « câblage » pourrait expliquer une partie de la perte de vision de ces patients.