ARVO 2022: DMLA atrophique: que retenir des études Oaks et Derby
1-Études Derby et Oaks : les résultats à 1 an du Pegcetacoplan dans la DMLA atrophique
Efficacy of intravitreal pegcetacoplan in patients with geographic atrophy (GA): 12-month results from the phase 3 OAKS and DERBY studies.
ARVO 2022 communication orale: lundi 2 mai
Roger Goldberg et al.
La logique du produit :
L’hyperactivité du complément a été retrouvé dans la DMLA. Le facteur 3 du complément est au cœur du système : point de convergence des 3 voies d’activation. Le Pegcetacoplan inhibe l’activation du C3, donc toute la voie du complément.
Le protocole des études :
Après l’étude Filly, étude de phase II, les études Oaks et Derby sont des études de phase III, proposant des injections soit tous les mois, soit tous les deux mois de Pegcetacoplan versus placebo, randomisées en double insu.
Ont été inclus 637 et 621 patients de plus de 60 ans, avec une acuité visuelle ≥24 lettres, et une aire d’atrophie comprise entre 2,5 et 17,5 mm², rétro-fovéolaires ou extra-fovéolaires.
L’objectif principal était de limiter l’augmentation de la taille des zones atrophiques mesurées en auto-fluorescence. Une étude post-hoc, que nous présentons par ailleurs, précise les modalités de mesure de ces aires d’atrophie.
Résultats :
Les résultats sont mitigés
L’étude Oaks retrouve un ralentissement de la progression de l’atrophie, dans le groupe injecté mensuellement (n=202) de 22% (p=0,0003), et de 16% (p=0,0052) dans le groupe bimensuel (n=205), comparé au groupe placebo. Un peu comme la visudyne, qui, en son temps, limitait la perte d’acuité visuelle, sans l’empêcher.
L’étude Derby ne montre pas de différence statistiquement significative entre les groupes traités et le groupe placebo.
En mélangeant les patients (résultat poolé) le ralentissement était de 17% (p<0,001) pour les injections mensuelles (n=405), et 14% (p=0,0012) pour les IVT bimensuelles (n=403) versus placebo.
Mais
En ne regardant que les lésions extra-fovéolaires (n=206), le ralentissement de l’atrophie était de 35% (p<0,001) et de 21% (p=0,0159) dans Oaks et de respectivement 16% (p=0,0712) et 25% (p=0,0028) dans Derby.
Alors qu’en ne regardant que les lésions fovéolaires, bien logiquement le ralentissement de l’atrophie n’était que de 16% (p=0,0324) et de 16% (p=0,0179) dans Oaks et de respectivement 7% (p=0,3611) et même l’atrophie était augmentée de 1% (p=0,8993) dans Derby.
Tolérance :
La tolérance a globalement été bonne. Chez 13 patients (1,5%) il y a eu une réaction inflammatoire, mais aucun cas de vascularite ni d’occlusion vasculaire. Rappelons qu’en 2018, 4 cas avaient présenté une endophtalmie stérile due à « l’impureté » du produit injecté. La formule a été améliorée depuis.
Les cas d’hypertonie oculaire ont été modérés, et les injections ont pu être poursuivies.
Conclusion :
un ralentissement relatif de la croissance des lésions avec ce produit, et un résultat discutable quand la fovéa est atteinte. Une meilleure indication pour les lésions initialement extra-fovéolaires.
Rappel de ce qu’on a appris en plus à Angiogenesis sur le Pegcetacoplan
L’étude Filly, étude de phase II avait montré que le pegcetacoplan injecté en mensuel, ou en bimensuel avait ralenti la croissance des zones d’atrophie. Il avait aussi ralenti la croissance des zones d’atrophie de l’œil traité, comparé à l’œil non traité en cas de lésions bilatérales.
Il avait diminué le passage de iRORA en cRORA.
Par contre, il y avait une augmentation des cas de néovascularisation dose-dépendante de l’œil traité dans Filly. Une potentielle complication à surveiller.
2-Auto-fluorescence et SD-OCT dans l’évaluation de l’atrophie : une équivalence retrouvée dans l’étude Filly
GA area measured by SD-OCT shows good correspondence with FAF-based measurements in patients enrolled in the FILLY trial
ARVO 2022 Poster Dimanche 1° mai F0202 (abstract 1015)
Julia Mai et al.
Au cours de l’étude Filly, dont on a parlé à Angiogenesis, et qui montre une relative efficacité du pegcetacoplan (qui cible la facteur 3 du complément : C3) sur la DMLA atrophique, l’un des problèmes était de bien évaluer la taille des lésions d’atrophie. Une étude post-hoc a été présentée cette année en poster à l’ARVO.
Le but de cette analyse secondaire était d’évaluer si l’auto-fluorescence ou l’hyper-réflectivité choroïdienne à l’OCT étaient équivalentes, ou si l’une des méthodes était optimiste/pessimiste.
Pour ce faire, ils ont repris l’analyse de 144 patients à l’inclusion, et de 111 patients à 1 an.
(Ce qui nous fait quand même 12495 coupes d’OCT analysées à la main, et comparées point par point à l’image en auto-fluorescence !)
Ils ont trouvé une équivalence, avec r=0,97 à l’inclusion et à 1 an (avec un bon alignement des points sur l’analyse statistique : r²=0,86 à l’inclusion et 0,81 à 1 an, ce qui est un critère de qualité de l’analyse).
Cependant, l’analyse statistique montre une petite tendance de l’auto-fluorescence à surévaluer la taille de l’atrophie par rapport à l’OCT, surtout quand la lésion est plus grande (à 1an) : une différence de 0,91 ± 0,95 mm² à l’inclusion et 1,28 ± 1,23 mm² à 1 an. Une tendance à garder en mémoire quand on suit l’évolution de nos patients avec plusieurs examens.