Rencontre avec le Pr Pierre-Henry Gabrielle, PU-PH, CHU Dijon Bourgogne
Il est passionné par la chirurgie vitréorétinienne et s’intéresse à la data science, devenue indispensable dans la pratique. Récemment nommé professeur des universités à Dijon, Pierre-Henry Gabrielle considère que « C’est passionnant de pouvoir allier clinique, recherche et enseignement ». Rencontre avec un éternel curieux dont le voeu est que « la thérapie régénérative de la rétine devienne une réalité accessible ».
On ne devient pas ophtalmologiste par hasard. Pourquoi avez-vous choisi cette spécialité ?
Pierre-Henry Gabrielle. Je suis né dans une famille de médecins, ce qui a naturellement éveillé mon intérêt pour la médecine. Le véritable déclic pour l’ophtalmologie est survenu lors d’un stage dans le service du Professeur Kodjikian au CHU de la Croix Rousse. J’ai été profondément impressionné par l’utilisation des outils d’imagerie, notamment l’OCT, mais aussi par une chirurgie de vitrectomie. Cela a solidifié mon choix d’opter pour cette spécialité passionnante.
Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre activité au quotidien ?
Pierre-Henry Gabrielle. Ce qui me passionne le plus, c’est sans doute la chirurgie vitréorétinienne. Chaque intervention est unique et offre des défis techniques fascinants. En parallèle, l’imagerie de la rétine est un domaine en constante évolution. L’amélioration constante des technologies d’imagerie, comme le fond d’œil et l’OCT, permet aujourd’hui des acquisitions plus rapides et une qualité d’image nettement supérieure. Ces outils sont essentiels pour le diagnostic précis et le suivi des pathologies rétiniennes. De plus, l’intégration de l’intelligence artificielle dans ces technologies ouvre des perspectives fascinantes en termes d’analyse automatisée et d’aide à la décision clinique, améliorant ainsi la prise en charge des patients.
Quels sont les événements qui vous ont profondément marqué au fil de votre carrière ?
Pierre-Henry Gabrielle. L’un des événements les plus marquants de ma carrière remonte à ma période d’externat, lorsque j’ai assisté à ma première vitrectomie. Ce fut un véritable déclic dans le choix de ma spécialité et un moment déterminant qui m’a profondément marqué.
Plus tard, une autre expérience clé a été ma mobilité au Save Sight Institute à Sydney sous la supervision du Professeur Mark Gillies. Cette expérience m’a permis de me perfectionner dans la recherche sur les maladies de la rétine, mais aussi d’apprendre la data science, une compétence essentielle pour analyser les données de « vraie vie » et les big data. Cela m’a ouvert de nouvelles perspectives pour mieux comprendre les pathologies et leur évolution à l’échelle de grandes populations. Cette expérience a également eu un impact personnel important, car j’ai pu partager cette aventure avec ma famille tout en découvrant un pays extraordinaire.
Quel mentor vous a inspiré ? Qu’aimeriez-vous lui dire ?
Pierre-Henry Gabrielle. Mon mentor est le Professeur Catherine Creuzot-Garcher, une personne que j’admire profondément. Son expertise, notamment en ophtalmologie, et son approche à la fois humaine et scientifique m’ont guidé tout au long de ma carrière. Je lui dois beaucoup en termes de développement professionnel et personnel, et je lui exprime ma gratitude pour avoir été une source constante d’inspiration.
Vous venez d’être nommé professeur des universités à Dijon. Que représente cette nomination ?
Pierre-Henry Gabrielle. Cette nomination est avant tout une reconnaissance de mon parcours et de mon travail. Elle me permet de former les futurs ophtalmologistes tout en continuant à développer mes recherches. C’est passionnant de pouvoir allier clinique, recherche et enseignement.
Quelle est l’innovation qui attire le plus votre attention actuellement dans votre pratique ?
Pierre-Henry Gabrielle. L’innovation qui m’attire le plus actuellement est l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les outils d’imagerie rétinienne. Ces technologies permettent non seulement de diagnostiquer des pathologies, mais aussi de prédire leur évolution et d’aider au traitement. D’un autre côté, mes recherches sur le rôle des lipides dans la rétine et l’impact du microbiote sur leur biodisponibilité ouvrent des perspectives prometteuses pour prévenir ou traiter certaines maladies rétiniennes.
À l’aune de votre expérience, quel conseil donneriez-vous à un jeune ophtalmologiste ?
Pierre-Henry Gabrielle. Mon principal conseil serait de rester ouvert à l’innovation tout en maîtrisant les bases techniques. L’ophtalmologie est une spécialité en évolution constante, avec des avancées technologiques rapides, notamment en imagerie et en intelligence artificielle. Il est donc essentiel d’être curieux, de continuer à apprendre tout au long de sa carrière, et de s’impliquer dans la recherche pour rester à la pointe du progrès. Enfin, il ne faut pas oublier l’importance de l’empathie et du lien humain avec les patients, qui est au cœur de notre métier.
Si vous pouviez faire un vœu pour améliorer la vie de vos patients, quel serait-il et pourquoi ?
Pierre-Henry Gabrielle. Mon vœu serait que la thérapie régénérative de la rétine devienne une réalité accessible. Pouvoir régénérer les cellules rétiniennes endommagées offrirait un espoir immense pour les patients atteints de maladies de la rétine qui conduisent souvent à une perte de vision irréversible. Les patients pourraient retrouver leur autonomie, ce qui transformerait leur quotidien en leur redonnant une indépendance perdue. Ce serait un changement fondamental dans notre capacité à traiter ces pathologies.