Myopie par Jost Jonas
Il y a une épidémie de myopie, en particulier en Asie.
Cela a été montré par l’étude Beijing qui a comparé une population entre 2001 et 2011. En 2001 il y avait :
- 16,9% de myopie > 1 dioptrie
- 2,6% de myopie > 6 dioptries et
- 1,5% de myopie > 8 dioptries
La myopie > 8 dioptries était considérée comme forte.
En 2012 la prévalence des myopes est passée à 89,8% d’une population de 7 à 18 ans. La proportion de myopie faible (< 1 dioptrie) est de 13% chez les enfants de 7 ans et de 77,1% chez leurs aînés de 18 ans. Par conséquent, il y a plus de myopes et les jeunes générations ont plus de myopie moyenne à forte.
L’incidence de la myopie est associée à :
- La myopie des parents
- La scolarité
- Le sexe féminin
- Le niveau socio-économique plus élevé
- Les citadins
- Plus de temps passé à l’intérieur qu’à l’extérieur
Sur une population rurale de 562 788 personnes, 0,45% avaient une baisse d’acuité visuelle due à une rétinopathie diabétique et parmi eux, 70,7% étaient bilatérales, avec à nouveau une nette prédominance féminine dans cette population. (Est-ce que les petites filles étudient plus que les petits garçons ? C’est ce que suggère Jost Jonas.)
Il y a une méta-analyse publiée en 2000 qui évalue la population mondiale de myopes à 1406 millions (22,9% de la population mondiale) dont 163 millions de myopie forte (2,7%). Mais la projection en 2050 serait de 4758 millions (49,8 % de la population mondiale) dont 938 millions de myopie forte (9,8%).
Est-ce un drame ?
L’hypermétropie est un facteur de risque de DMLA donc la myopie c’est pas mal, à condition qu’elle soit faible (dixit Jost Jonas). D’autre part, l’étude de Beijing a montré que la longueur axiale était associée à un moindre taux de rétinopathie diabétique. La myopie forte est souvent associée à des zones d’atrophie avec des déficits complets de toute la rétine externe.
Classement en 5 stades dans l’étude Beijing :
Stade 0: pas de lésion dégénérative rétinienne
Stade 1: un fond d’œil en mosaïque (déficits localisés)
Ce stade est divisé en 4 grades:
- Grade 0: pas d’anomalie
- Grade 1: visualisation d’une zone bêta papillaire
- Grade 2: extension de la zone bêta au delà de l’aire temporale de la papille
- Grade 3: visualisation d’une zone gamma
Stade 2: choriorétinopathie diffuse
Stade 3: atrophie choroïdienne en plaque (avec disparition totale de la choroïde, l’épithélium pigmentaire, la rétine externe, et « ponts » de rétine interne)
Stade 4: atrophie maculaire.
Étaient notées en plus dans cette étude :
- Les ruptures de la membrane de Bruch
- Les néovaisseaux choroïdiens
- Les taches de Fuchs
- Le staphylome postérieur
- L’amincissement choroïdien est très fortement corrélé au degré de myopie
La sévérité du grade du stade 1 était corrélée avec :
- L’âge (p<0,001)
- Le sexe masculin (p<0,001)
- La minceur (p=0,03) … il faut être gros !
- La baisse d’acuité visuelle
- La longueur axiale
- Et une moindre incidence de la maculopathie liée à l’âge (p=0,02) et de la DMLA (p=0,007)
Et avec:
- L’épaisseur choroïdienne rétro-fovéolaire plus fine (p<0,001) : l’épaisseur choroïdienne rétro-fovéolaire moyenne est de:
◾ 322 microns au grade 0
◾ 229 microns au grade 1
◾ 122 microns au grade 2
◾ Et 81 microns au grade 3
En fait, une choroïde péri-papillaire amincie dans l’enfance est un facteur de risque de rétinopathie à l’âge adulte.
Toutes ces notions seront développées lors du congrès ARMD: les 3 Défis de la papille.